Le Musée de la Guerre au Moyen-Age

Situé en plein Perigord, perché sur un éperon au confluent de la Dordogne et du Ceou, le chateau de Castelnaud – éthymologiquement le chateau neuf – est à la fois un superbe exemple d’architecture militaire de la fin du Moyen-Age et un musée des plus intéressants, entièrement consacré à l’art de la guerre du XIIème au XVème siècles.

Le premier château date du XIIème siècle, et est la propriété de Bernard de Casnac, fervent et féroce défénseur de la foi cathare. Simon de Montfort se présente sous l’enceinte en 1214, en pleine croisade contre les Albigeois, et emporte la place. Il décide d’y laisser une garnison, qui n’empêchera pas Bernard de Casnac, un an plus tard, de reprendre son bien. Il fera pendre tous les défenseurs, mais devra cèder face aux troupes de l’archevèque de Bordeaux, qui brulera le château initial.

Un nouveau bâtiment sera reconstruit à la fin du XIIIème siècle, dont la courtine et le donjon ont perduré jusqu’à nos jours.

En 1368, la dernière héritière de la famille des Castelnaud épouse Nompar de Caumont, dont la famille sera durant la guerre de cent ans souvent dans le camp anglais. Nompar de Caumont sera d’ailleurs nommé sénéchal pour l’Agenais. C’est de cette époque que datent les nombreux embellissements qui ont transformé l’austère place forte du XIIIème siècle en une demeure plus à la mode.

En 1442, l’armée de Charles VII fait le siège de la place, et l’emporte. Elle ne sera restituée à la famille qu’à la fin du conflit. C’est de cette époque que datent les dernières améliorations, pour l’essentiel liées à l’usage de l’artillerie.

Relativement épargné par les guerres de religion, la place forte sombrera dans l’oubli, et sera définitivement abandonnée à la révolution. Elle sera classée monument historique en 1966, puis subira d’impressionnants travaux de restauration en 1985, pour lui redonner son aspect de la fin du Moyen-Age.

Le château, dont les courtines ont été redressées, les toits refaits, les hourds remontés, a aujourd’hui bien fière allure et mérite clairement le détour, et ceci d’autant plus qu’il héberge de fort riches collections militaires médiévales, présentées de manière didactique et plaisante.

La visite du site ne se limite donc pas à une simple déambulation de pièce en pièce, mais permet aussi de découvrir, dans chacune d’elle, des pièces originales et emblématiques de la fin du Moyen-Age. De l’épée au ribaudequin en passant par des arbalètes, fers de masse d’arme et harnois blancs, l’échantillon est complet. La forge permet d’admirer comment le maître armurier faisait pour transformer une plaque de fer en genouillère, et les jardins du château hébergent d’imposants trébuchets.

Les reconstituteurs et les passionnés auront de plus la chance de pouvoir les voir fonctionner quasiment chaque dimanche, et tous les jours en été. Le site organise de plus de nombreux évènements de reconstitution, invitant pour l’occasion des troupes de qualité, pour de spectaculaires démonstrations d’artillerie médiévale.

La prochaine manifestation aura lieu le 11/12 juin, avec l’intervention de la troupe lorraine de la Massenie St Michel, qui présentera plusieurs de ses pièces.