Le shako napoléonien et ses plaques…

La Brigade Infernale, association lyonnaise de reconstitutionLes troupes de ligne portent encore durant le Directoire les coiffures héritées de l’ancien régime, à savoir le chapeau – devenu bicorne – largement agrémenté d’accessoires tels que cocardes, ganses, plumets. Le 26 octobre 1801 apparait toutefois en dotation dans les régiments de chasseurs à cheval et d’infanterie légère une coiffure destinée à une carrière exceptionnelle : le shako.

Aux termes du règlement, celui-ci doit être orné sur le devant « d’une plaque de cuivre faite en cor de chasse, de 2 pouces 3 lignes dans son diamètre et de 3 pouces dans le haut du cor« . Quelques années plus tard, toute l’armée ou presque portera le shako, arborant sur le devant une plaque métallique : « A dater du renouvellement de 1807, le shako sera la coiffure de l’infanterie de ligne« , ainsi en décidera Napoléon par un décret du 25 février 1806.

Il  » sera ornée sur le devant d’une plaque en cuivre, au motif de l’aigle impérial, en relief et du numéro du corps estampé à jour« . Cette plaque au règlement de 1806 sera en forme de losange pour toute l’infanterie, mais il ne faut pas pour autant croire que l’uniformité était la norme. Les nombreux modèles parvenus jusqu’à nous, varient largement par leur taille, leur filet, mais aussi leur aigle : certains ont la tête à droite, d’autres un N sur la poitrine…

Le modèle « classique » mesure environ 120x110mm. Les officiers supérieurs ont une plaque en deux parties, avec un aigle rapporté, le tout étant doré et bruni à l’agate. Les officiers subalternes ont quant à eux la plaque de troupe, mais dorée. La troupe arbore une plaque en cuivre jaune, le numéro estampé apparaissant au centre d’un cor de chasse pour les voltigeurs. Shako_de_capitaine_du_7eme_hussardLes grenadiers portant le bonnet d’ourson, sortent du cadre de notre article. La plaque a une couleur assortie aux boutons d’uniforme, et c’est ainsi qu’elle est en fer blanc étamé pour la légère (sauf pour les régiments 8, 17 et 26).

Les chasseurs conserveront une plaque similaire à celle de l’infanterie légère, et les hussards à celle de la ligne, avec des variantes de couleur en fonction de celle des boutons. La cavalerie légère ne généralisera toutefois jamais complètement le port de la plaque, et on verra jusqu’à la fin de l’Empire des shakos uniquement ornés d’une cocarde et d’une ganse, à l’image de celui de capitaine du 7ème hussard, figuré ci-contre.

Entre 1806 et 1810, bien des modèles de plaque seront portés, échappant parfois complètement au règlement : rectangles à pointes tronquées, pentagones, écus, plaques en étain ou en plomb… Face à de tels débordements  « ayant fait dans la forme du shako des changements qui ont détruit l’uniformité et la simplicité qui doivent caractériser les vêtements des militaires« , l’Empereur décide en 1810 d’instaurer une plaque plus sobre et plus pratique. Cette plaque au règlement de 1810 sera un simple losange de métal portant le numéro du régiment, seul pour la ligne, au centre d’un cor pour la légère, avec une grenade pour l’artillerie et le génie. La cavalerie légère aura quant à elle une plaque à soubassement surmontée d’un aigle.

Shako_du_17eme_legerBien évidemment, ce règlement ne sera pas totalement respecté, et l’on verra par la suite des fantassins arborant des plaques à soubassement et des hussards des plaques d’infanterie, comme nos amis de la Brigade Infernale figurés sur la première photographie de cet article !

1812 sera l’année d’un dernier grand bouleversement, avec la disparition du bonnet à poil pour les grenadiers de ligne (et les carabiniers de la légère). Cette réforme touche bien sur la plaque du shako, figurant maintenant un aigle serrant des foudres posé sur un soubassement aussi nommé bouclier à l’antique.

Ce soubassement est bordé de deux filets qui enserrent une branche de laurier et une branche de chêne, et se termine par une tête de lion de chaque côté. Ces dernières sont remplacées par des cors de chasse ou des grenades pour les compagnies d’élite. Le numéro est estampé ou découpé à jour au centre du soubassement.

La ligne porte une plaque en cuivre jaune, la légère du fer blanc étamé, et le numéro se trouve de plus au centre d’un cor de chasse. Les chasseurs à cheval recoivent une plaque en métal blanc identique à celle de la légère, et les hussards la nouvelle plaque à la couleur de leur régiment (jaune ou blanc).

L’artillerie, qu’elle soit à cheval ou à pied, verra le soubassement de la plaque décoré de canons croisés et portera des grenades sur les angles. Le train se distinguera de l’artillerie par du métal blanc en lieu et place du cuivre jaune.

Aigle_de_shako_Jeune_GardeChaque corps particulier, ou presque, aura une plaque spécifique, et il serait par trop fastidieux de les énumérer ici. L’un d’entre eux mérite toutefois une mention particulière : il s’agit de la Garde Impériale. Elle sera dotée de plaques bien spécifiques, mais celles-ci feront l’objet d’une autre histoire…

Merci pour les photographies à :

http://www.labrigadeinfernale.com/

http://www.armae.com/contemporain/Cuivreries%20et%20accessoires.htm

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