Les branches ou la coquille ? Qu’on appelle la garde !

Vous êtes vous déjà demandés pourquoi il y a, au Premier Empire, autant de gardes  de sabres de cavalerie différentes ? Et dans l’affirmative, quels sont les avantages et inconvénients des différents modèles ? Et bien nous aussi… et pour être tout à fait honnêtes, il semble bien que la tradition et l’esthétique de l’arme soit tout aussi prépondérants que les aspects pratiques quand il s’agit de choisir la monture d’une épée ou d’un sabre.

Sans rentrer dans un long historique partant de l’épée médiévale puis passant par la rapière, on peut résumer la situation en disant qu’il existe pour l’essentiel deux types de gardes : celles qui sont dotées de branches (les héritières des paniers des rapières), comme le modèle classique du sabre de cavalerie légère qui illustre le début de ce post, et celles qui sont dotées de coquilles, plus ou moins englobantes, à l’image du modèle de marine ci contre.

Ces coquilles, assez englobantes à l’origine, vont s’affiner sous l’Empire, et constituer une partie de la garde seulement, complétée par des branches. L’exemple du sabre de carabinier qui figure à gauche est caractéristique : la coquille s’affine et se transforme en trois branches. Une des raisons de cette évolution est d’éviter d’alourdir de trop l’arme au niveau de la poignée : les branches nécessitent moins de métal qu’une coquille. Comme souvent les pièces sont en laiton ou cuivre, très dense, on gagne vite en poids en « aérant » la garde.

Dans certains cas, on a même l’impression que la coquille est simplement apposée sur les branches, comme dans le cas du sabre de grenadier à cheval à droite (tiens, lui, il a quatre branches).  Bon tout ceci est bien joli, mais à quoi cela sert ? Simple : le but de la garde est de protéger la main du combattant. Au début du 19ème siècle, les sabres de cavalerie sont utilisés de taille. Dès lors, des branches sont suffisantes pour protéger la main, en arrêtant le tranchant de la lame.

Une coquille est par contre plus utile pour protéger des coups d’estoc qui, si ils visent la main, vont inévitablement passer au travers des branches. Il n’est donc pas illogique de voir certaines unités de cavalerie lourde, qui vont affronter de l’infanterie avec ses baïonnettes saillantes, dotées de modèles à coquille. Si c’est nettement le cas pour les carabiniers, la coquille ne reste sur les modèles de dragons et cuirassiers que sous la forme d’une plaque assez large dont partent les branches. Elle est là, mais très discrète…

Au delà de ces considérations liées à l’escrime, on va finir par constater que les belles coquilles bien décorées sont plutôt l’apanage des officiers que de la troupe. Les sabres d’officier seront donc plus souvent à coquilles, et on voit donc là l’esthétique l’emporter sur toute autre considération.

Cet exposé ne serait pas complet si l’on n’évoquait le cas des sabres dont la garde n’a qu’une seule branche, comme ceux dotant par exemple les chasseurs à cheval de la Garde. Le modèle ci-contre, très décoré car il s’agit d’une pièce d’officier, est un excellent exemple de sabre à une seule branche. Dans ce cas, la protection est minimale, mais l’encombrement aussi… et le combattant n’est pas gêné par une garde énorme à son côté. Peut-être est-ce là la raison…

Cette question de la gène va sans doute expliquer pourquoi bon nombre d’épées dites de société, ou d’officiers, sont dotées d’une demi coquille qui se replie, de manière à limiter l’encombrement. Un exemple de ce type d’arme figure à droite.

Alors pour finir, branches ou coquilles ? Et bien cela semble être, au 19ème siècle, de plus en plus une affaire de goût qu’autre chose !

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