Les grotesques : des casques pas comme les autres

Les casques militaires ont essentiellement une fonction protectrice : couvrir la tête et au maximum le visage pour les garantir des traumatismes. Cette utilité a été plus ou moins bien assurée avec le temps. Cela dépendait de plusieurs facteurs : le savoir faire de l’armurier, les besoins du combattant, mais aussi le type de guerre et de dommages occasionnés. Au fil de l’histoire, la protection faciale a été relativement abandonnée. Pourtant, c’est sur cette partie que les armuriers des siècles passés se sont donnés à coeur joie pour imaginer toutes sortes de formes.

Les casques avec protection faciale sont très anciens, et datent de l’Antiquité. Les combats rapprochés à l’arme blanche pouvaient être extrêmement meurtriers, et le visage était une cible obligée, car le reste du corps était souvent couvert par une cuirasse et un large bouclier. Les tacticiens romains recommandaient justement de viser le visage avec la pointe du glaive. Il y avait aussi une raison psychologique à cela, car le soldat craint plus que tout la blessure au visage et la défiguration, et il peut facilement céder à la peur et abandonner le combat.

Les premiers casques corinthiens étaient particulièrement enveloppants, ne laissant souvent que les yeux apparents. Peu à peu, ces parties faciales se sont décorées d’incisions et de reliefs, et ont commencé ensuite à prendre des formes originales. La reproduction de traits humains s’est fait naturellement, assimilant le porteur du casque à un héros statufié. Les fameux casques à visage, dont l’origine est orientale, et dont nous avons déjà parlés sur ce blog, en sont de bons exemples.

Mais, il est aussi apparu utile de profiter de ces masques pour faire peur à l’adversaire. Les casques de samouraïs, avec leur « mempo » grimaçant sont sur point très représentatifs. Ce qu’on sait moins souvent en revanche, c’est que les armées européennes du Moyen-Âge et de la Renaissance ont aussi connu ce type de protection décorée, souvent particulièrement somptueuses. Leur masque grotesque, représentant des monstres humains ou bestiaux sont des pièces de grand prix, et étaient donc  généralement réservés à une élite guerrière. Il n’y a qu’à voir la minutie des détails pour se rendre compte qu’une telle fabrication n’était l’apanage que des meilleurs armuriers.

Il existe des casques grotesques dans de nombreux musées. Ceux que nous présentons sur cette page sont issus des collections du Musée de l’Armée, aux Invalides à Paris (la photo ci-contre avec le ventail en forme de tête de coq a été prise quant à elle au MET de New-York).

Be Sociable, Share!