Mèche, rouet ou silex, quelle platine pour un mousquet ?

Tir au mousquetL’essort des armes à feu au XVIème siècle voit la naissance de professions spécialisées, telles que le canonnier, le platineur, le monteur, sans parler de ceux associés aux décorations des armes de prestige. L’arquebusier polyvalent du début du siècle se charge maintenant de l’assemblage, voir ne conserve qu’un rôle commercial. Parmi ces professions, l’une d’entre elle détient un savoir bien mystérieux, celui qui permet de réaliser la platine de l’arme, qui est souvent une véritable pièce d’horlogerie.


arquebuse a mecheOn distingue en gros trois systèmes de mise à feu : la platine à mèche, la platine à rouet et la platine à silex. La plus ancienne, la platine à mèche, est constituée d’un serpentin, qui tient la arquebuse a mechemèche allumée, qui va se rabattre dans le bassinet pour allumer la poudre de l’amorce lorsque l’arquebusier actionne un levier. Un couvre bassinet permet de protéger la poudre, et d’éviter les tirs accidentels, mais il doit être manoeuvré à la main.

Une variante en est la platine à bouton. Le serpentin se rabat brusquement sur le bassinet, actionné par un ressort,  lorsque qu’on appuie sur un bouton de la platine. Il faut ensuite « réarmer » le serpentin à la main.

Platine à rouetCes deux modèles de platines vont rester en service pendant près de deux siècles, principalement sur les armes militaires, compte tenu de leur extrême simplicité et robustesse. La platine à rouet apparaît très tôt, contrairement  à une idée reçue, tout au début du XVIème siècle. Son principe est assez semblable à celui de nos briquets à pierre : une roue striée tourne sur elle même lorsque l’on appuie sur la détente, tandis qu’un chien tient entre ses mâchoire un morceau de pyrite et l’appuie fortement sur la roue : il en résulte une gerbe d’étincelles, qui allume a poudre du bassinet. Dans la plupart des modèles le bassinet s’ouvre automatiquement pendant la rotation du rouet.

RouetCe modèle de platine est toutefois fort compliqué : après chaque tir, il faut remonter le ressort actionnant la roue à l’aide d’une clé spéciale, une chaînette assez fragile relie le ressort à la roue, et le tir est loin d’être instantané. Ces platines seront produites jusqu’au XVIIème siècle, mais leur complexité, leur coût et leur relative fiabilité les feront écarter des utilisations militaires, au profit du troisième modèle, la platine à silex.

Platine a silex de CharlevilleCelle-ci est mentionnée dans les textes à partir du milieu du XVIème siècle. Le principe en est extrêmement simple : le chien tient dans ses mâchoires un morceau de silex. Lorsque on le ramène en arrière, on arme un puissant ressort qui lui permet d’abattre son silex violemment sur la batterie lorsque on actionne la détente. Le silex en frottant sur la batterie arrache des morceaux de métal portés au rouge, qui enflamment la poudre du bassinet. Les premiers modèles de platines à silex ont une batterie et un couvre bassinet séparés : il s’agit de platines dites à chenapan.

Mousquet_francais_1717

Platine de mousquet 1717

La platine à silex française sera inventée par Marin de Bourgeoys en 1610, et elle ne sera finalement plus guère modifiée jusqu’au début du XIXème siècle… La première arme réglementaire de l’armée française, le fusil 1717,

Mousquet_Charleville_1777_modifie_an_IX

Platine de Charleville 1777 modifié an IX

sera naturellement équipée d’un tel dispositif, fort semblable à celui du Charleville 1777 modifié an IX en service un siècle plus tard, comme les deux photographies ci contre le montrent.

Avec l’apparition des amorces à percussion, dans la première moitié du XIXème siècle, le chien continuera à fonctionner de la même manière : il viendra percuter violemment une cheminée, contenant l’amorce, et communiquant la flamme à la chambre. Mais nous entrons là dans l’époque moderne, et c’est une autre histoire…

Voir également : http://www.armae.com/contemporain/147fusils.htm

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