Quel casque pour un hoplite ?
Le combat en phalange, caractérisé par le choc de deux lignes d’hoplites lourdement armurés qui se poussent tout en essayant de s’embrocher à coup de lance ou d’épée, nécessite un équipement adéquat. Le combattant porte des jambières, pour protéger la partie du corps qui dépasse sous le lourd bouclier rond, l’aspis, une cuirasse, et un casque…
Le premier modèle complètement métallique qui apparait est le casque dit illyrien, au VIIIème siècle. Il laisse le visage complètement découvert, et n’a qu’une ébauche de garde nuque. La technique de la métallurgie ne permet pas encore de le produire d’une seule pièce, et il est constitué de deux moitiés, soudées ensemble. Il s’agit là d’un point faible, tout particulièrement dans des combats assez violents. La crête longitudinale, qui apparait en même temps, est peut-être une réponse : elle permet à la fois de masquer la soudure et de protéger le casque. Elle va souvent être placée sur une sorte de bande rapportée, qui renforce le casque. Le rivet que vous voyez à l’avant sert à la fixer.
Le casque corinthien, qui apparait à peine plus tard, traite le problème de la protection du visage, avec un solide nasal et des gardes joues qui se referment sur l’avant. Les premières modèles, comme celui ci-contre, sont relativement sobres. Si ils protègent bien, ils présentent cependant un énorme inconvénient : ils doivent absolument être faits sur mesure. Les dimensions de ces pièces ne laissent pas de place pour un rembourrage (à l’exception d’une garniture textile ou cuir, cousue en passant le fil dans les trous que l’on distingue sur la photo), et on ne trouve pas de trace de jugulaire. On l’imagine bien, si le casque tourne en plein combat, le hoplite devient aveugle. Il est donc impératif qu’il soit ajusté à la tête de son propriétaire.
La première évolution que l’on va voir apparaître est un renforcement de la bombe avec une sorte de décrochement du métal, qui rigidifie l’ensemble. Cette évolution est bien discernable sur le modèle ci-contre. Pour autant, un autre problème du hoplite reste à régler : sous un casque fermé, il est sourd… C’est pour cela que les modèles les plus tardifs vont être dotés d’encoches pour les oreilles. La réplique que l’on voit à gauche, et qui est sans doute la plus connue des reconstituteurs, présente toutes ces caractéristiques un net renfort au niveau du front, des oreilles dégagées, et toujours la crête. Ce décrochement au niveau du front permet aussi d’élargir la partie haute du casque, et de le rembourrer, et donc de donner une meilleure protection en cas de choc. A partir du VIème siècle, le corinthien ne changera plus.
C’est aussi à cette époque qu’apparait le casque dit chalcidien, plus ouvert et permettant au soldat de bien mieux voir, avec un nasal parfois simplement symbolique. En Italie, l’habitude de porter le corinthien en arrière va conduire à l’apparition d’un modèle dit apulo-corithien, conçu pour être porté en arrière, et dont l’ouverture pour les yeux n’est plus que décorative. Les combattants à droite portent justement un chalcidien et un apulo-corinthien.
A l’époque hellénistique, de nouveaux changements se feront jour, mais c’est une autre histoire…