Reconstitution d’un fortin du Limes de Germanie

Si vos pas vous mènent un jour au sud de Munich, en Bavière, allez vous promener dans le village de Pfünz, non loin d’Ingolstadt. Outre un charmant petit pont médiéval, le site recèle les vestiges d’un antique fortin romain. La région était habitée dès l’âge du bronze, puis les Celtes s’y installèrent vers 450 avant notre ère (voir l’article de la semaine passée sur l’oppidum de Manching), chassés et remplacés par les Germains vers 100 av. J.-C. Et puis se fut au tour des Romains d’occuper la région.

Le bastion fortifié qu’ils édifièrent vers l’an 90 ap. J.-C., sur une éminence dominant l’actuel village de Pfünz, leur permettait de voir arriver l’ennemi de loin et de contrôler les passages dans la plaine. Il portait le nom de Castra Vetonianae, ou Vetoniana, et il abritait une cohorte surveillant une portion du limes : cette route par endroit fortifiée qui longeait la frontière de l’Empire. Ce fortin a donné lieu à une belle reconstitution partielle qui donne une bonne idée de ce que pouvait être la vie dans ce coin reculé de l’Empire, où l’hiver durait plus longtemps qu’à Rome.

Cette reconstitution comporte un côté du camp, percé de la porte principale entourée de deux tours coiffées d’un toit. Il se prolonge par un tour d’angle. On peut toujours observer aujourd’hui des segments du double fossé en V qui entourait le camp, notamment à l’ouest. Les visiteurs peuvent monter sur les murs et entrer dans les tours. L’une d’elle est à la belle saison occupée par un mannequin en situation qui entretient son armement. Les inscriptions font connaître le nom de l’unité occupant le fort : la Cohors I Breucorum equitata civium Romanorum. Il s’agissait donc d’une unité auxiliaire mixte de fantassins et de cavaliers, tous citoyens romains).

L’environnement immédiat étant vierge de toute construction, on s’imprègne davantage du lieu et on s’imagine facilement être le gardien de l’Empire, qui passe sa vie et s’ennuie dans des gardes et des patrouilles régulières. Le soleil couchant est grandiose quand il vient lécher les murailles. Ces dernières étaient vraisemblablement crépies de blanc, avec des faux joints de pierres de taille tracés à la peinture rouge, afin de donner à l’ensemble un cachet qui devait impressionner les indigènes.

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