Reconstitution d’un guerrier scythe
Notre vision des peuples de l’Est de l’Antiquité s’apparente souvent à une grosse caricature. Les peplums des années 60 ont véhiculé l’image de hordes sauvages ne descendant jamais de cheval, généralement de type mongoloïde, avec des scarifications et des mitres de fourrure. Ils sont d’intrépides cavaliers, particulièrement cruels. Bien sûr, cette vision n’a pas grand-chose à voir avec la réalité. .
Les Scythes sont une composante d’un ensemble nomade iranophone. Les Grecs limitaient leur domaine à l’est par le Danube, et à l’ouest par le Don, ce qui correspond à peu près au territoire de l’Ukraine. Ils eurent des contacts avec les Thraces et les Grecs notamment ; ces derniers installèrent des comptoirs et des colonies sur la côte septentrionale de la mer Noire (les Scythes formeront une sorte de police armée d’arcs à Athènes). Nos principales connaissances sur les Scythes nous viennent justement des Grecs, particulièrement d’Hérodote. L’Archéologie a depuis complété et vérifié ces données, avec les fouilles des « kourganes » (tumuli) qui ont livré du mobilier souvent somptueux. 
Leur art décoratif du style animalier est absolument splendide. Aujourd’hui, ces découvertes permettent de tracer un portrait réaliste des Scythes, qui présentaient un profil europoïde.
Selon Hérodote, ils seraient venus de l’Est, chassés par d’autres peuples, et auraient envahi les steppes au nord de la mer Noire et du Caucase, expulsant au VIIe siècle av. J.-C. un autre groupe nomade : les Cimmériens. Leur présence est attestée en Assyrie, en Médie et en Lydie, et ils font des raids vers l’Egypte et la Palestine, sans doute en tant que mercenaires. Ils seront à leur tour chassés d’Asie antérieure par les Mèdes vers 590 avant notre ère. Au VIe et Ve siècle, ils poussent jusqu’en Hongrie et Roumanie. Au IVe siècle, pressés entre la nouvelle puissance macédonienne et les Sarmates, leur territoire se restreint et se résume au siècle suivant à la péninsule de Crimée et aux zones attenantes du Bas-Dniepr.
Les Scythes étaient de redoutables guerriers, et même les femmes pouvaient être armées et combattre. Leur armée était surtout composée de cavaliers issus des classes dominantes, mais des troupes à pied existaient aussi.
L’arme principale était l’arc, porté avec ses flèches dans un carquois : le « goryte ». L’épée courte était appelée « akinakês ». Le guerrier avait aussi des lances et des javelots, plus rarement des masses ou haches. Les nobles portaient des cuirasses à écailles, parfois des casques ou des cnémides de type grec. La panoplie ci-dessys est reconstituée d’après les fouilles de Hladkivchtchyna, en Ukraine (Ve ou IVe siècle avant notre ère). Le casque et la cuirasse sont du type lamellaire. Le bouclier, accroché ici dans le dos, mesure plus de 70 cm. Les autres photos montrent des archers scythes avec des tenues très colorées.
