Reconstitutions des commerces d’autrefois

Faire de la reconstitution historique est un loisir très plaisant en plus d’être instructif, mais bien souvent il manque l’enveloppe, le décor pour parfaire l’ensemble. La reconstitution d’un costume et de ses éléments ne suffit généralement plus en effet, et beaucoup de passionnés vont plus loin, et cherchent à reconstituer aussi un environnement adéquat. Cela commence souvent par quelques accessoires, et parfois cela finit en vrai musée. Certains ont fait de leur logement un tel musée, ce qui est plus aisé quand on s’intéresse aux périodes récentes, car bon nombre d’objets peuvent encore être chinés.

L’histoire que nous allons vous raconter aujourd’hui est celle d’un couple, Christine et Jean-François Bourbigot, qui se sont pris de passion pour tous ces objets provenant des commerces d’autrefois et qu’on considérait dépassés, pour ne pas dire ringards. Après 10 ans d’accumulation, ils ont fait le pari de constituer un musée en recréant in situ ces vieux commerces que les plus vieux d’entre nous ont encore bien connus. En 1989, ils acquièrent à Rochefort un vieil entrepôt de quincaillerie dont l’architecture typé 1900 était prédisposée pour mettre cette collection unique en valeur.

Sans aucune aide financière, ils ont consacré tout leur temps libre, leur nuits, leurs vacances, à exposer ce patrimoine du quotidien, d’abord un premier niveau, puis un deuxième et un troisième. Chaque objet a été choisi, nettoyé, installé à la meilleure place… et il y en avait des milliers. Ce fut un travail titanesque. Heureusement que nos deux passionnés avaient de l’énergie et de la volonté. Le résultat est au-delà de leurs espérances, car chaque commerce est criant de vérité. Mille autres objets sont exposés dans des vitrines indépendantes.

Les visiteurs peuvent admirer tous les univers d’autrefois : le bar avec son vieux zinc (sans faire trop d’effort, on y voit la célèbre partie de carte de César de Pagnol), l’épicerie avec son capharnaüm de produits en tout genre, tout comme dans la pharmacie. C’était la grande époque de la publicité, qu’on appelait « réclame ». Il y a aussi une laverie, une cordonnerie, une station essence, un atelier de photographe, une quincaillerie, une boulangerie pâtisserie, une forge, une boutique de chapelier,une mercerie, une boucherie, un salon de coiffure… C’est une liste à la Prévert.

Tous les objets sont vrais, et il est donc difficile de parler de reconstitution comme nous l’entendons généralement. Il faudrait davantage parler d’un écomusée du commerce et de l’artisanat d’autrefois. Chaque boutique fourmille de détails vrais. La patine des vieux objets apporte déjà une grande authenticité à ces reconstitutions, mais le couple a été encore plus loin, en ajoutant des lentilles dans la balance de l’épicier, un steak sur celle du boucher ou de la sciure sur le sol pour ne pas glisser. Il y a même un kiosque à journaux et un WC des plus rudimentaires, tels que les ont connus nos anciens. On visitera aussi l’école, avec son armoire aux trésors, son tableau noir où est encore inscrite la leçon de morale du jour, et ces vieilles cartes murales.

Ce musée ouvert en 1990 doit absolument être vu si vous passez à Rochefort, et il justifie à lui seul le détour (mais on en profitera aussi pour voir l’arsenal et l’Hermione, ainsi que le musée de la marine et la corderie royale). Le musée ne vit que par les entrées. Alors retourner dans le passé est aussi un beau geste à faire pour que celui-ci perdure le plus longtemps possible.

http://museedescommerces.com/

 

Be Sociable, Share!