« Se mettre sur son 31 » : origine de cette expression

Savez-vous d’où vient l’expression « se mettre sur son 31 », pour signifier que l’on endosse ses plus beaux atours ? Et bien tout simplement de la grande tenue adoptée par l’armée française en 1931. Voyons aujourd’hui pourquoi et comment elle fut adoptée. Plus que tout autre, le XIXe siècle se caractérisa par la rutilance des uniformes, surtout ceux des officiers : colorés, chamarrés, dorés ou argentés à l’excès, pleins de pompons, de franges et de brandebourgs. Le Second Empire ne désavoua pas le Premier, et la IIIe République, même si elle revint à un peu plus de sobriété, ne cassa pas pour autant les codes.

Mais quand survint la Première Guerre mondiale, l’uniforme français devint plus… uniforme. Qu’il fut bleu horizon pour les troupes de métropole, ou kaki pour les troupes coloniales, il perdit beaucoup de ce qui faisait son charme, et par la même l’officier en perdit une partie de son prestige. Ce n’était pas qu’une question d’ego ou de coquetterie, car la splendeur des uniformes passés avait un réel impact sur les troupes autant que sur le public, et plus encore dans les colonies. Il en imposait !

La résurrection d’une grande tenue devint une nécessité évidente après la guerre. Elle revint dès 1921, mais tâtonna entre le retour à l’ancienne mode et la recherche de nouvelles formes. Quatre tenues furent alors définies : la grande tenue, la tenue de ville, la tenue de travail et la tenue de campagne. Il va sans dire que différents panachages restèrent possibles. Mais les troupes d’Afrique avaient la nostalgie de leurs anciens uniformes, et réclamèrent leur retour, arguant leur attrait considérable pour le recrutement, et le prestige de l’armée française sur les populations indigènes.

Satisfaction leur fut donnée en 1927 avec le retour de l’uniforme d’avant-guerre en tenue de ville. En 1929-1930, ce fut au tour des officiers des troupes coloniales. En 1930, ce furent les officiers généraux qui se virent attribuer une grande tenue bleu foncé de nouvelle coupe. Et puis en 1931, ce furent tous les autres officiers de l’armée qui furent concernés par la grande tenue. Chacun d’eux disposa désormais de cinq tenues. Celle qui nous intéresse, la tenue N°1 (grande tenue), devait être portée dans toutes les circonstances revêtant un caractère de cérémonie.

Elle fut d’une suprême élégance, révélant des formes inspirées de la mode graphique de l’époque Art-Déco. Les lignes étaient droites, les carrures très larges grâce aux épaulettes. Les képis se rigidifièrent davantage, la tunique était cintrée grâce au port d’un ceinturon dont les boucles étaient décorées du symbole de l’arme. Les pantalons étaient droits, hormis quelques « flottards » qui subsistaient dans la cavalerie.

Bien sûr il y avait des distinctives. Quelques uniformes avaient des boutons estampés d’un insigne de l’arme, les pattes de col également (ou avec le numéro du régiment). Mais c’étaient surtout les couleurs qui permettaient de reconnaître les unités au premier coup d’œil : sur les pantalons, tuniques et képi. L’argent ou l’or des épaulettes, boutons et galons étaient aussi des indicateurs. La majorité de ces uniformes étaient noirs avec leurs distinctives, mais quelques troupes d’Afrique sortaient du lot : les spahis ou les sahariens avec leur tunique écarlate, ou les tirailleurs et chasseurs d’Afrique en bleu ciel.

Huit ans plus tard commençait la Seconde Guerre mondiale. Les belles tenues 31 terminaient leur courte carrière et étaient rangées définitivement dans les malles. (Merci au collectionneur qui nous a prêté ces photos de ces magnifiques tenues).

 

 

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