Sur les « traces » d’Hannibal…
Tout le monde connaît peu ou prou l’histoire d’Hannibal, qui passa en Espagne avec une vaste armée, traversa les Pyrénées et une partie de la Gaule, puis les Alpes, afin d’aller porter le fer en Italie, pour combattre et vaincre la puissance romaine. Ce passage dans les Alpes a passionné des générations d’historiens et d’amateurs, qui se sont tous fait un devoir de découvrir la route empruntée (c’est un peu « l’Alésia » alpine). Le sujet est très polémique. Chaque année amène une hypothèse nouvelle. Celle-ci est « fumante »…
En l’an 218 avant notre ère, le général carthaginois Hannibal Barca (Carthage est l’antique Tunis), fait le voeu à son père de défier Rome sur son sol. Ces derniers peuvent trembler, car l’homme leur donnera du fil à retordre. Surtout qu’il ne vient pas seul, mais à la tête d’une très forte armée de 30 ou 40 000 fantassins, plus de 10 000 cavaliers, et plusieurs dizaines d’éléphants. Cette armée, il la constitue aussi en cours de route, en recrutant des mercenaires espagnols et gaulois.
Au IIIe siècle avant notre ère, Rome étend sa domination sur l’Italie et sur tout le bassin méditerranée. Mais dans sa conquête, elle se heurte à la puissance punique, forte d’une flotte excellente. La première guerre punique a lieu entre 264 et 241 av. J.-C. Depuis 247, elle est dirigée par Hamilcar Barca, le propre père d’Hannibal, mais qui perd la Sicile. Puis les Romains leur enlèvent la Sardaigne. Le théâtre des hostilités se déplace en Espagne.
Bref, Hannibal a une revanche à prendre ; l’honneur familial est en jeu, comme la survie à terme de Carthage. Il n’a que 25 ans quand il est promu général. Son expédition est murement préparée, et son aventure italienne durera près d’une décennie. Il ne prendra pas Rome, mais il lui infligera ses plus grandes défaites militaires, notamment à Trasimène et Cannes. Ca ne nous dit pas par où cette gigantesque armée est passée !
Le microbiologiste Chris Allen, de l’Université de Belfast, aidé d’une équipe de l’Université de York et de Toronto, pense avoir découvert la réponse, sur la base de preuves d’une nature tout à fait particulière… le crottin de cheval. Il y avait en effet des milliers de chevaux dans cette armée, et les chercheurs pensent avoir identifié leurs excréments séchés près du Col de la Traversette, situé à 2 398 mètres d’altitude. La route « empruntée » était périlleuse, mais elle aurait mis à l’abri les Carthaginois des tribus locales hostiles.
On peut se dire toutefois que de nombreuses armées ont franchi les Alpes à différentes dates de l’Histoire, et comment être sûr que ce crottin de cheval est celui de l’armée carthaginoise. Il aurait été mieux de trouver celui des éléphants, car ils furent assez peu nombreux à visiter ces régions. Gageons que la science à les moyens de faire parler cette bouse. Disons quand même que bien peu d’éléphants parvinrent à survivre à cette traversée. Il n’en resta bientôt plus qu’un qui servit de monture à Hannibal en Italie.
(photos des reconstitutions Carthago)