Un cheval militaire harnaché, découvert à Pompéi
C’est le troisième cheval en fait qui a été exhumé récemment aux alentours de Pompéi, plus précisément à Civita Giuliana, dans l’écurie d’une riche villa située en dehors de la zone archéologique. Vu sa taille, il s’agit sans doute d’un cheval de race, obtenu par croisements successifs, car les animaux de cette époque étaient plus petits que ceux d’aujourd’hui. La beauté de son harnais suggère aux archéologues qu’il pourrait s’agir de la monture d’un haut magistrat qui s’apprêtait à aller au secours des habitants. Mais peut-être voulait-il fuir l’éruption du Vésuve…
Contrairement à une idée reçue, les soldats romains n’étaient pas mal habillés et mal équipés. Les milliers d’objets trouvés en fouilles aux quatre coins de l’Empire montrent au contraire que leur équipement militaire était de tout premier ordre, et que les pièces les plus décorées n’appartenaient pas forcément à des haut-gradés. Les soldats romains étaient en effet très « coquets » et n’hésitaient pas à investir de petites fortunes dans la réalisation de pièces personnelles magnifiques. Cela était vrai des armes, épées et poignards, mais aussi des ceintures, baudriers et harnachements.
Notre cheval a donc appartenu à un riche romain soucieux de son apparence. Cependant, son harnachement ressemble beaucoup à ceux que nous connaissons par ailleurs. Si beaucoup d’artefacts de cavalerie ont été découverts, notamment sur les camps des frontières, la présence du cheval est rarissime. Un premier cheval découvert dans l’écurie en mars 2018 a pu être moulé en plâtre. Les archéologues ont également mis à jour les pattes d’un autre animal ; puis un troisième est apparu, celui qui était harnaché. Celui-ci malheureusement n’a pu être moulé.
Mais sur le corps ont été découvert le mors en fer, et les reste des quatre cornes de la selle, façonnées en bois de conifère et gainées d’une plaque de bronze pour les consolider. Sous les pattes du cheval ont également été exhumés les restes de trois crochets de bronze avec leurs rivets, reliés à un disque par un anneau. En l’absence d’étriers, ces cornes procuraient au cavalier une meilleure stabilité. Ce type de selles est vraisemblablement une invention gauloise, adoptée par les Romains au moment de la conquête de la Gaule. Des fragments textiles suggèrent en outre que le cheval était couvert d’un manteau ou d’un caparaçon. Il y avait aussi un sac, trouvé sous le ventre. D’autres pièces du harnachement ont probablement été volées par des pilleurs autrefois.
Pour en savoir plus, reportez-vous à l’article de Marco Pirollo.