Un homme d’arme du XIVe statufié

Continuons notre promenade dans les « réserves » de la cathédrale de Strasbourg, au musée de l’Oeuvre Notre-Dame, et arrêtons-nous à présent devant un bas-relief en grés des Vosges provenant du « saint sépulcre » : type de monument apparu dans le 2e quart du XIVe siècle. Celui-ci, adossé au mur occidental de la chapelle Sainte-Catherine, était constitué d’un sarcophage supportant le gisant du Christ. Sur ces parois figuraient des soldats endormis. Cet ensemble occupe une place importante dans la série des saints sépulcres de la fin du XIVe siècle, tant du point de vue stylistique qu’architectural. Le réalisme et l’expression des soldats laissent supposer qu’ils sont de la main d’un maître, vraisemblablement de Wölfflin de Rouffarch, sculpteur strasbourgeois actif à cette période.

Déplacé dans la cypte de la cathédrale après le rétablissement du culte catholique (1681), puis utilisé comme remblai lors du rehaussement du choeur, les bas-reliefs de soldats ont été redécouverts à l’état fragmentaire en 1845. En 1905, ils font l’objet d’une restauration par Edouard Bourgeat qui reconstitue en plâtre de nombreuses parties abîmées.

L’équipement de ce soldat est des plus intéressants. Sous son tabard de toile, on devine une cotte de mailles à manches longues, avec ses rangées d’anneaux parallèles. Les avants-bras sont cependant protégés par l’ajout de brassards métalliques qui se ferment sur l’intérieur du poignet par de petites sangles. La cotte descend jusquà mi-cuisses. Celles-ci sont renforcées par des cuissots gambisonnés dont on voit nettement les piqures verticales. Le bas des jambes est couvert quant à lui par des demi-grèves en fer, composées de deux parties : un canon et une genouillère rivetée décorée de petites fleurs de lys (peut-être en laiton, pour trancher sur le fer).

Son armement défensif se complète d’un casque qui est un chapel dont la bombe est renforcée d’un croisillon de fer, et d’une large rondache maintenue sur le bras par deux sangles de cuir rivetées.

Son arme offensive est un fauchon, avec une lame qui s’élargit à son extrémité et lui donne des allures de machette. Il est ici rangé dans un foureau de cuir, muni d’une bouterole métallique. On distingue une boucle sur le haut de la gaine, qui servait à suspendre l’arme à un baudrier. Celui-ci est visible sur la poitrine du soldat, et se fermait lui-aussi par une boucle carrée. L’homme pouvait ainsi détacher son épée sans être obligé d’enlever son baudrier.

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