Un reconstituteur à Berlin, que voir ?

Que peut donc aller voir un reconstituteur à Berlin ? Tout dépend de la période, mais supposons qu’il s’agisse d’un reconstituteur antique, plutôt orienté sur la période romaine et les aspects militaires. Il faut en ce cas absolument aller voir le Altes et le Neues Museum, et en théorie passer au Pergamon museum. Bizarrement, tous ces musées qui sont tous les uns à côté des autres, présentent tous des collections de pièces de toutes les époques…

Du coup, quelle que soit la période qui vous intéresse, il faut faire un tour dans les trois. On a un peu l’impression d’aller voir des collections ramenées par des archéologues du siècle dernier, présentées comme elles avaient pu être conçues il y a presque 100 ans. C’est assez curieux, mais aussi assez troublant. Voici donc quelques pièces…

Commençons par le Altes Museum, où l’on l’on trouve deux belles choses pour débuter dans la pièce consacrée à a la numismatique. Une classique pièce d’argent de César, représentant un trophée (la première de cet article), mais surtout une pièce énigmatique datant des triumvirs, montrant d’un côté une galère et mentionnant de l’autre la légion XX créée par Auguste et surtout connue pour sa participation à la conquête de la Bretagne, un siècle plus tard. Ferait-ton allusion à Actium ?

Un peu plus loin, quelle surprise de découvrir parmi les collections consacrées au monde celte un superbe casque en bronze, décoré d’insertions d’émail, doté de supports de plumes latéraux. La pièce à son sommet, ainsi qu’un petit anneau à l’arrière, font penser à un support de crête amovible. Malheureusement, cette pièce a été acquise il y a bien longtemps, et on n’en sait pas beaucoup sur son origine…

Dans la série militaria, on trouve au détour d’une salle une tête de soldat romain, portant un casque de type attique, dont la bombe figure une chevelure, dans le plus pur style des casques de cavalerie du premier siècle. Par contre, pas de visage… mais des paragnathides décorées d’un scorpion, qui évoquent immédiatement un prétorien. La pièce proviendrait d’un monument de l’époque de Trajan.

 

Si l’on passe au neues Museum, on trouve maintenant beaucoup plus de pièces de militaria, pas toujours très bien documentées, malheureusement. La première que nous avons notée, particulièrement intéressante, est un bas relief montrant deux gladiateurs (de la fin du 2ème ou du 3ème siècle vu le casque) combattant sans bouclier, dans un corps à corps plutôt sanglant, vous en jugerez vous-même. Notez la pointe d’une sica, à gauche.

La même vitrine expose un casque en bronze, mais aussi un lituus, très surprenant de par sa taille : il fait environ 80cm de long, soit bien moins que la plupart des reconstitutions actuellement visibles.

Juste à côté se trouvent deux pièces intéressantes : un buste d’officier, qui permet de bien voir comment une cuirasse musclée était fermé, et la stèle désignée comme celle d’un légionnaire qui représente un militaire en toge, portant néanmoins son glaive, un cingulum, et une lance (la pointe n’est sans doute pas d’origine). Il transporte aussi un drôle de disque sous le bras (une parma ?). Cela évoque là aussi immédiatement un prétorien, de garde au palais. Hélas, la pièce est mal documentée.

Un peu plus loin se trouvent deux superbes cors de guerre celtes, que nous ne pouvons nous empêcher de vous présenter. L’envie de souffler dedans a été très forte, il faut l’avouer…

En théorie, il faudrait ensuite faire un tour au Pergamon Museum, mais les deux tiers du musée sont fermés, et les vitrines du tiers restant sont vides pour protéger les collections des vibration des travaux… Du coup, il n’y a plus grand chose à voir côté hellénistique et romain, à part le portique de Milet et celui de Trajan à Pergame, et ceci jusqu’en… 2019 au moins, sachant que les travaux ne seront complètement terminés qu’en 2025 ! Un peu honteux tout de même pour une capitale comme Berlin quand on connait la richesse des collections qui seront inaccessibles au public aussi longtemps.

On répondra sans doute que lorsque l’on montre des pièces datant de 2000 ans, on n’est plus à 10 ans près, et que les travaux étaient indispensables…

 

Be Sociable, Share!