Une caserne romaine découverte récemment en Normandie

C’est sur le mont Castel, dominant Port-en-Bessin-Huppain, dans le Calvados (Normandie), que les archéologues ont mis à jour in extremis les restes d’un cantonnement militaire romain. Cette histoire commence avec un détectoriste amateur pris la main dans le sac par deux archéologues de l’INRAP. La collection frauduleusement constituée par cet homme révèle des monnaies du Ier siècle avant notre ère, issues de la Gaule entière, ce qui suggère une occupation plus large que par les seuls habitants du lieu (les Baïocasses, dont le nom donnera celui de Bayeux).

 

Les archéologues découvrent alors que le petit plateau a été fortifié à trois reprises au cours des siècles : un premier rempart datant de l’âge du bronze (1350 – 800 avant notre ère) a servi de base pour une construction à la Tène ancienne (460 à 260 avant notre ère), remplacée par une nouvelle enceinte à la Tène finale, c’est-à-dire à l’époque de la guerre des Gaule. Cette dernière était constituée de deux murs en pierres sèches servant de coffrage à un remplissage interne. L’ensemble représentait une fortification de 6 m de large, accessible par des escaliers.

Pourtant, un oppidum est déjà connu sur le mont Cavalier, à 2 km à peine. Pourquoi tant de forteresses, sinon pour protéger une zone stratégique, en l’occurrence le port de la cité gauloise. Port-en-Bessin-Huppain est aujourd’hui un petit port, mais à l’époque normande, c’était le port de Bayeux. On peut penser que le port normand a succédé à un important port gallo-romain, et avant cela gaulois. Aujourd’hui, il ne peut être localisé sans des fouilles sous-marines, car la côte à reculée depuis l’Antiquité.

Les archéologues ont à leur tour trouvé beaucoup de monnaies gauloises et romaines, sur un emplacement qui s’est avéré être un cantonnement militaire rectangulaire, d’après les trous de poteaux. Le plan trahit l’ingénierie militaire romaine, ce que confirment également des restes d’armement romain : pointe de trait de scorpion, balle de fronde du type Alésia, clous de caligae de soldats romains. Des restes d’éperons laissent à penser que l’unité présente était constituée de cavaliers, vraisemblablement des auxiliaires.

L’archéologie a bien démontré la persistance de petites unités militaires réparties sur tous les points clés de la Gaule, occupant le plus souvent d’anciens bastions gaulois. La victoire d’Alésia ne mit en effet pas un terme à la guerre des Gaules, qui se poursuivit encore une année entière. Au-delà, de nombreux troubles et révoltes sporadiques eurent lieu jusque sous le règne d’Auguste. Ces troupes étaient essentiellement constituées de soldats auxiliaires gaulois connaissant bien le terrain et faisant la police dans les environs. D’autres découvertes montrent que ces soldats étaient payés avec un mélange de pièces de différentes provenances.

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