Une des premières opérations de protection civile de l’histoire ?
« Il se trouvait à Misène et commandait la flotte en personne. Le 9 avant les calendes de septembre, aux environs de la septième heure, ma mère lui apprend qu’on voit un nuage extraordinaire par sa grandeur et son aspect… »
C’est ainsi que Pline le jeune débute l’histoire de la mort de son oncle, Pline l’ancien, l’auteur des 37 volumes de l’histoire naturelle, mais aussi le préfet de la flotte romaine de Misène, dans le golfe de Naples, en 79, lors de l’éruption du Vésuve qui a enseveli Pompéi.
Voyant le début de l’éruption, il décide de faire sortir sa flotte, basée de l’autre côté du golfe de Naples, « avec l’intention de secourir, outre Rectina, beaucoup d’autres personnes », comme nous le raconte son neveu et fils adoptif, Pline l’ancien. Et c’est ainsi que la plus grande flotte de guerre de l’Empire Romain va aller au devant de l’éruption pour atteindre les rivages des villes sous le feu du volcan.
Nous ne savons pas exactement quelle fut l’ampleur de l’opération, mais la plupart des corps retrouvés à Pompéi le furent en bord de mer, et le nombre de cadavres semble assez faible au regard de la population de la ville. Serait-ce une indication de l’efficacité de l’opération d’évacuation menée par la flotte de Misène ? En ce cas, il s’agirait du premier cas connu d’une évacuation sanitaire d’urgence menée par une armée…
Cette histoire fait l’objet d’une magnifique exposition au Musée de la Romanité, à Nîmes. Les images illustrant cet article ont été prises sur place, et nous vous recommandons d’y faire un tour si vous passez dans le coin et aimez l’antiquité. C’est très facile de trouver le musée : il donne sur le plus bel amphithéâtre romain de France, à l’opposé de la maison carrée, le temple romain le mieux conservé du monde, dédié par Auguste à ses petits fils Caius et Lucius.
Et comment se termine le sauvetage pour Pline l’ancien ? Le préfet (traduisez l’amiral) accoste à Stabies, et descend sur la plage, mais d’une santé fragile, il va périr étouffé par les fumées toxiques du volcan. 
Laissons la parole à son neveu, Pline le jeune :
« Quand le jour revint (c’était le troisième depuis celui qu’il avait vu pour la dernière fois), son corps fut trouvé intact, en parfait état et couvert des vêtements qu’il avait mis à son départ ; son aspect était celui d’un homme endormi plutôt que d’un mort. »
