L’apparition des armes en bronze
Il y a 7000 ans l’Homme commence à fabriquer des outils en cuivre… Ce métal existe tout d’abord à l’état brut, et l’on imagine que les premiers métallurgistes ont du simplement l’utiliser comme une sorte de rocher malléable. Très rapidement, l’Homme va apprendre à extraire le métal du minerai, sans doute après avoir laissé tombé par erreur dans le feu de bien jolies pierres bleues ou vertes, l’azurite et la malachite.. le collier de madame a disparu, et a laissé place à de petites gouttes de cuivre.
Il faut tout de même chauffer assez fort pour faire fondre le métal, en gros à 1100°, mais c’est encore faisable avec un simple soufflet. Tout le monde le sait, si on souffle assez fort, on peut porter les braises au rouge, puis au jaune, voire au blanc… A 800°, la matière est rouge cerise, à 900° elle devient orange, à 1000° on passe au jaune, à 1100° au jaune clair, et le blanc arrive à 1200°. Et vous savez maintenant comment notre expert du chalcolithique faisait pour faire son métal : on chauffe jusqu’à ce que l’on arrive au jaune clair, et l’affaire est faite… Inutile d’aller plus haut… car on risque de détruire le creuset lui-même, ce qui est bien ennuyeux.
Et c’est bien là le problème du cuivre : chauffer au jaune clair est tout de même un peu difficile, et surtout nécessite d’avoir des ustensiles qui résistent à cette température, ce qui ne se trouve pas facilement en 3000 avant JC. Si maintenant on fait fondre ensemble du cuivre et un autre métal on va obtenir un alliage, dont la température de fusion sera intermédiaire entre celle du cuivre et celle de l’autre métal. Le bronze est justement un de ces fameux alliages obtenu en mélangeant le cuivre et l’étain, qui lui fond un peu au dessus de 200°.
A partir de 25% d’étain, la température de fusion de notre alliage tombe aux environs de 800°, ce qui est tout de même bien plus simple, puisque cela correspond à la température des braises d’un bon feu de bois, sans installation particulière. Et en plus, car il y a un plus, le bronze, mélange d’un métal mou – l’étain – et d’un métal pas très dur – le cuivre – est en général beaucoup plus dur que les deux réunis. Vous l’avez compris, nous avons là un produit idéal, facile à fabriquer, facile à couler, et en plus qui permet d’obtenir des outils qui s’émoussent bien moins facilement. A partir du second millénaire, l’humanité entre toute entière dans l’âge du bronze.
A ce stade, vous devez vous poser une question : ou trouve-t-on un minerai contenant un mélange de cuivre et d’étain ? Et bien, nulle part ! Il a fallu que nos métallurgistes mélangent effectivement les deux métaux pour arriver à ce résultat. La question suivante est : « comment a-t-on pu avoir une idée pareille ? ». La réponse tient en un seul mot : l’arsenic. Cet élément, qui est presque un métal mais pas tout à fait, est souvent présent sous forme d’impuretés dans le minerai de cuivre. Lorsque l’on fond le minerai, on obtient un alliage de cuivre et d’arsenic, dont la couleur est un peu différente et surtout qui est plus dur que le cuivre pur – lui aussi. Rapidement, on commence à trouver des cuivres dont la teneur en arsenic dépasse celle du minerai, ce qui signifie que l’Homme a enrichi son alliage en arsenic.
L’idée est arrivée, il n’y a plus qu’à poursuivre : on va mélanger notre cuivre avec d’autres choses, et on va finalement trouver que l’étain est le meilleur compromis. Et c’est ainsi qu’à partir de 1800 AVJC nos ancêtres ont à la fois la connaissance et les ressources pour fabriquer facilement, en les coulant, des armes dures, dont le fil peut être aiguisé.
Il faudra attendre l’arrivée de la métallurgie du fer pour détrôner le bronze, mais ce sera bien plus tardif : le fer ne se coule pas, et s’obtient à des températures bien plus hautes, impossibles à atteindre simplement (voir notre article sur la fabrication traditionnelle du fer et de l’acier).
Le bronze se travaille assez facilement, même si il faut rester assez précautionneux,et son règne va durer quasiment deux millénaires… Nous poursuivrons prochainement son aventure en vous expliquant quelques petites règles de base pour travailler le bronze, et en vous présentant plus en détail l’association Koryvantes, fondée par Dimitrios Katsikis, et qui nous a prêté gracieusement ses superbes photographies de guerriers de l’âge du bronze !
