Reconstitutions daces… qu’est ce que c’est ?

Les Daces, on connaît et on connaît pas ! Ce nom dit bien quelque chose, mais quoi ? Si on parle de la colonne trajane, cela devient un peu plus clair, mais pas complètement. La colonne érigée par l’empereur Trajan au début du IIe siècle de notre ère, raconte sur une longue frise sculptée en spirale les deux rudes campagnes menées par les légions romaines dans la Roumanie antique, que l’on appelait à l’époque… la Dacie. Les Daces étaient les habitants de ces contrées.

 

 

Le peuple dace est connu des initiés par l’archéologie, mais c’est une connaissance qui n’est pas accessible à tout le monde, notamment en raison de la barrière de la langue. Un groupe  de reconstitution roumain du nom de TERRA DACICA AETERNA nous donne heureusement l’occasion de se familiariser avec cette civilisation antique méconnue par chez nous. Pour la première fois, il est venu en France, aux XIVe journées gallo-romaines du musée de St-Romain-en-Gal. Ses artisans sont excellents, mais nous nous attacherons davantage aujourd’hui à ses guerriers.

La colonne trajane est un document de première main pour connaître les panoplies et les vêtements des Daces, féminins comme masculins, mais aussi entrevoir leur habitat et leurs coutumes. Les Romains rencontrèrent en eux un ennemi farouche et indomptable, sous la conduite de leur roi Décébale, dont nous avons déjà parlé dans un précédent article.

Le piédestal de la colonne est décoré d’armes prises à l’ennemi, que l’on peut donc admirer dans le détail, notamment la décoration très soignée des boucliers. On y voit aussi des armures, ce qu’en revanche ne montrent pas les reliefs de la colonne, qui ont opté pour une standardisation des profils, pour une meilleure lisibilité. Le piédestal est en ce sens plus intéressant. Parmi ces cuirasses, on voit des modèles à écailles, mais aussi des modèles segmentées, qui sont peut-être d’origine sarmate (les Sarmates étaient un peuple voisin, alliés des Daces durant la guerre).

Ce qui impressionne avant tout, ce sont leurs enseignes : des manches à air munies d’une tête de loup ou de dragon, que les Romains appelleront dracones (dragons) et qu’ils adopteront à leur tour. Les casques sont aussi tout à fait spectaculaires. Ils prennent la forme de bonnets phrygiens (qui est une coiffure textile locale), pourvu une crête longiligne et de garde-joues protecteurs, ainsi qu’une nuquière souple souvent. Les armes sont multiples, mais c’est généralement le falx qui est représenté.

Il s’agit d’une faux d’une longueur variable, qui peut être utilisée d’une main ou des deux, essentiellement de taille. Des expérimentations ont montré que cette arme était capable de fendre en deux un bouclier romain, avec son orle métallique. Ceci explique le surcroît de protection adopté par les légionnaires à cette époque (notamment sur le casque et les membres).

Les visiteurs du musée de St-Romain-en-Gal ont pu assister à une démonstration de combat avec ces armes particulières, face à des légionnaires de l’époque, en l’occurrence des membres de la XXIIe légion de Bavay. Les Daces de première ligne étaient armés d’épées courtes, tandis que la deuxième ligne maniaient ces longues faux avec lesquelles ils crochetaient les boucliers des Romains pour leur ôter leur principale protection. Ceci fait, les hommes de première ligne pouvaient plus facilement asséner de meurtriers coups d’estoc à leurs adversaires. Ingénieux.

Merci à tous les photographes. Pour en savoir plus et voir de belles photos de nos amis daces : http://terradacica.ro/

 

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